Retour des Yéniches à Thônex?

29. Avril 2024

A Thônex, la mairie a construit un muret aux abords d’un terrain communal. Pour empêcher la venue de caravanes?

Le Courrier/Marc Lalive d'Epinay

On se souvient que l'été dernier, une vingtaine de familles Yéniches s'étaient installées pendant quelques semaines dans le verdoyant parc François-Auguste Châtrier, à deux roues de caravanes de la mairie de Thônex. Pile sous les fenêtres de l'exécutif, surpris par cette arrivée impromptue. Cette année, pas certain que cette communauté suisse des gens du voyage puisse réitérer son implantation. Car aujourd'hui, un long muret, d'une quarantaine de centimètres de hauteur, empêche l'accès au côté sud du parc, juste à proximité de la caserne des pompiers. Le coût du muret et des potelets rétractables, installés juste après l'été sur l'avenue de Thônex, se monte entre 100 000 et 120 000 francs, selon la mairie.

Cette clôture de béton serait-elle une mesure anti-gens du voyage? «Non, pas spécifiquement», réfute Pascal Uehlinger, le maire PLR de Thônex. «En 2023, passé la surprise de leur installation, nous avons eu de très bon contacts avec les Yéniches», précise-t-il. Alors pourquoi ne pas les accueillir une nouvelle fois? «Je ne peux tout simplement pas favoriser des personnes en particuliers, souligne le maire. Si l'on commence à louer ce parc, n'importe qui pourrait revendiquer la possibilité de s'y installer. C'est le principe du droit acquis.»

Pas de loyer, mais une amende

Pourtant, l'année dernière, à la demande de la commune, les visiteurs et visiteuses de quelques semaines s'étaient acquittées d'un montant de 15 francs par jour et par caravane. «Il ne s'agissait pas d'un loyer, nuance Pascal Uehlinger, mais d'une amende administrative pour avoir occupé illégalement ce terrain.» De plus, le maire estime que le parc François-Auguste Châtrier n'a pas pour vocation d'accueillir toute l'année des activités. Ou des gens. «C'est un espace communal qui doit rester à disposition des habitants.»

Pour le reste, le maire PLR refuse que les communes portent seules la responsabilité de ce «dossier» des gens du voyage. «C'est à l'Etat, et au magistrat en charge du Département du territoire en particulier, de proposer un emplacement pour les gens du voyage, raconte Pascal Uehlinger. Or, M. Hodgers n'a pas vraiment l'air pressé de trouver une solution d'accueil... Qu'attend-il?» s'interroge l'édile thônésien. Du côté des Yéniches, la position de Thônex et de son maire passe mal. «Nous avons demandé de pouvoir revenir cette année. Réponse négative...», regrette Stève Gerzner, président de l'association «Défense gens du voyage Suisse». Il déplore l'intransigeance de la commune genevoise ainsi que l'installation de ce muret. «Nous ne sommes pas dupes. C'est bel et bien pour nous dissuader de revenir», raconte-t-il, las de ce type traitement récurrent. Alors que cette communauté des gens du voyages est suisse et paie des impôts, rappelle-t-il.

Seront-ils de retour à Genève ces prochains temps malgré les embûches? Ils et elles ont bien demandé l'autorisation à plusieurs communes du canton, mais avec toujours la même réponse à la clé: un grand «non». Devant tant de refus de se conformer à la législation fédérale, il se pourrait bien que les Yéniches rééditent leur opération coup de poing de l'été dernier. Histoire de mettre à nouveau le gouvernement genevois face à son incurie. «Nous n'avons encore rien décidé. Mais ce n'est pas impossible», conclut Stève Gerzner.