Une drôle d’alliance milite pour accueillir des gens du voyage

23. Giugno 2020

UDC et Ensemble à Gauche cosignent un texte pour créer une aire d’accueil pour Gitans à Genève. 

20minutes / Lucie Fehlbaum

Une alliance digne du mariage de la carpe et du lapin s’est formée au bout du lac pour aider les gens du voyage. Ensemble à Gauche et l’UDC ont en effet cosigné une motion pour qu’une aire de transit soit mise à disposition des Yéniches, Sinti ou Manouches et plus particulièrement, les citoyens suisses au sein de ces communautés. Déposé au Grand Conseil au début du mois, le texte demande au Canton d’attribuer un de ses terrains, de 2000 ou 3000 mètres carrés, avec accès à l’eau, à cet effet. 

«Aires occupées par des étrangers»«Ils font partie des plus anciennes familles de Suisse, affirme la première signataire, Salika Wenger, passionnée par l’histoire des gens du voyage. Ils devraient avoir des droits mais le fait qu’ils se déplacent dérange.» Stéphane Florey, député UDC, a fréquenté au Cycle d’orientation les forains de la Bécassière. Il défend également les droits de ces communautés. «Les Yéniches et les Sintis ont le statut de minorités nationales reconnues. Ceux qui ont gardé un mode de vie itinérant doivent pouvoir s’arrêter à travers la Suisse. Or, il n’y a aucune infrastructure.» En effet, selon Albert Barras, membre du conseil de la fondation «Assurer l’avenir des gens du voyage suisses», aucune aire en Suisse romande ne permet aux Helvètes de faire une halte. «La place de Rennaz, dans le canton de Vaud, ou celle de Martigny (VS) sont occupées par des gens du voyage étrangers, indique celui qui est aussi porte-parole des Yéniches en Suisse latine. Officiellement, elles sont ouvertes à tous, mais officieusement, non.» Albert Barras se réjouit du texte des élus genevois. «Il s’agirait de la toute première place de ce type de notre côté du pays.» 

«On se querelle» par manque de placeSalika Wenger aimerait que la Commission des droits de l’homme examine sa motion. Le député socialiste Diego Esteban y siège. «A voir comment cela est mis en oeuvre, mais tout le système suisse est assez hostile aux personnes ayant un mode de vie itinérant. Un espace pour vivre son mode de vie sans préjudice est essentiel.» La présidente de la Commission, la PDC Christina Meissner, nuance cette volonté d’accueil. «Je regarde ça d’un point de vue aménagement. Je ne me prononce pas contre quiconque. Simplement, notre canton est extrêmement exigu, souligne l’élue. On se querelle pour savoir que placer où. Les meilleures idées du monde sont parfois rattrapées par la réalité du terrain.» Entre la zone agricole, la zone nature et les forêts, toutes intouchables, et la zone bâtie «déjà bien remplie», Christina Meissner imagine le «casse-tête» de l’Office des bâtiments si le texte est accepté. «Nous sommes un petit îlot au milieu de la France et proche du vaste canton de Vaud. Est-ce si compliqué de faire 20 km dans un sens ou dans l’autre pour se trouver un terrain?»